samedi 12 novembre 2016

Que voulons-nous pour notre ville ? La rénovation de l'ancienne piscine municipale de Saint-Denis

Avant l'ouverture de la piscine de la Baleine en 1996, les dionysiennes et les dionysiens disposaient d'une piscine municipale construite en 1933 sur le boulevard Félix FAURE. Elle ferma en 1988.

Depuis mon installation à Saint-Denis il y a dix ans, j'entends régulièrement parler de la rénovation de cette piscine pour la transformer en musée sur le modèle du musée La Piscine ouvert à Roubaix en 2001 dans une ancienne piscine art déco construite dans l'entre-deux-guerres.

Photo tirée de la lettre n°8 du Conseil Général de Seine-Saint-Denis "Patrimoine en Seine-Saint-Denis, 1933-1997 des bords de Marne aux centres nautiques" (2004)

Schéma tiré de la lettre n°8 du Conseil Général de Seine-Saint-Denis "Patrimoine en Seine-Saint-Denis, 1933-1997 des bords de Marne aux centres nautiques" (2004)

Je partage ce projet, qui, s'il aboutissait, participerait à changer l'image et la réputation de notre ville. Cependant, pour réussir, il devra tenir compte de limites économiques, mais également liées à notre environnement très dégradé.

Tout d'abord, ce projet pose la question de la rénovation d'un bâtiment fermé depuis 28 ans... Pour prendre l'exemple du musée La Piscine de Roubaix, sa rénovation/transformation a coûté 19,5 millions d'euros, dont 12,1 subventionnés. Certes, la piscine nordiste est plus grande que celle de Saint-Denis, mais avec la hausse des prix depuis 15 ans, nous ne pouvons nous en tirer à Saint-Denis pour un coût que j'évalue entre 10 et 15 millions d'euros. De fait, il est impossible que la puissance publique finance seule ce montant.

Photo tirée du communiqué de presse de la Métropole du Grand Paris du 10 octobre 2016

Orientation Nord : ancienne piscine municipale de Saint-Denis (1933-1988)

Orientation Nord : état de l'ancienne piscine municipale de Saint-Denis à sa jonction est avec l'école municipale Daniel Sorano

La ville de Saint-Denis n'arrive pas à rénover ses trottoirs, sans passer par des grands travaux payés par d'autres, en raison d'un budget d'investissement médiocre par rapport aux villes de taille similaire. Le Conseil Général de Seine-Saint-Denis n'est pas en meilleure santé financière. Plaine Commune, l'office public territorial qui rassemble notre ville et ses huit voisines de l'ouest séquano-dionysien, ne pourra vraisemblablement pas mettre davantage d'argent, compte tenu des multiples projets à financer. Quant à la contribution de lla région Ile-de-France, elle sera encore moins importante.

Bref, les acteurs publics locaux peuvent financer entre le tiers au minimum et peut-être les deux tiers (dans le scénario le plus favorable auquel j'ai beaucoup de mal à croire) de cette rénovation/transformation. Dans ces conditions, le recours au privé est impératif. L'appel à projet de la Métropole du Grand Paris entérine d'ailleurs ce choix. Le 10 octobre dernier, celle-ci a lancé l'appel à projets "Inventons la Métropole du Grand Paris" pour 61 sites, mais sans y adjoindre de financements.

Notez que deux sites dionysiens ont été retenus dans cet appel à projets : l'ancienne piscine municipale et un terrain situé à côté de la future station Saint-Denis-Pleyel. Dans un cas, les financements vont pleuvoir, dans l'autre...

Ensuite, ce projet ne pourra se faire sans faire évoluer l'environnement immédiat du site. Pour ma part, je ne vois pas quel mécène ou quel investisseur acceptera de mettre près de dix millions d'euros (rénovation de l'immobilier, équipement des différents espaces, acquisition des fonds envisagés...) si les touristes sont en nombre insuffisant ou alors si les tours operators sont découragés par les agressions, comme celle des touristes coréens délestés dans la cité située 100 mètres plus loin. Pour réussir et ne pas dépendre éternellement de subventions publiques, un projet culturel, comme un musée, exige un espace public sécurisé.

Enfin, la faible dimension de l'espace (2 000 mètres carrés exploitables à vue de nez) et l'absence de possibilité d'extension seront probablement un frein pour les projets envisagés par certains acteurs, qui nécessitent des surfaces plus importantes et évoluent dans le temps.


Pour conclure, ce projet, comme d'autres initiatives culturelles dans le centre-ville, constituent un bon moyen de changer l'image de notre ville, mais aussi de faire advenir ce territoire de la culture et de la création que Plaine Commune prétendait être dans le cadre du Grand Paris. A travers le futur de l'ancienne piscine municipale de Saint-Denis, nos élus montreront ou pas leur capacité à relever le défi de la réalité du territoire qu'ils gèrent ou prétendent gérer, sans pouvoir se cacher derrière la communication.

Aucun commentaire: